Je ne connaissais pas ce livre de
Wells et quand je fais une recherche sur le Web français, je ne trouve que des listes de bouquinistes mais aucune description, aucun commentaire sur ce livre. Bizarre. J'ai persisté et j'ai finis par trouvé une critique d'ailleurs pas très élogieuse mais qui donne à penser que ce roman aurait été inspiré par la guerre d'Espagne. J'en reproduis les grandes lignes plus bas.
C'est pourtant un livre très intéressant, qui n'a pas sa place à proprement parlé dans les écrits SF de
Wells mais qui si l'on veut bien faire un effort pourrait s'associer au thème Dystopie/utopie. Deux nations s'opposent chacune menée par son propre dictateur, l'un à priori un peu moins quand même. Un jour, ils se rencontrent et s'aperçoivent qu'ils sont jumeaux... Ils décident donc d'échanger leurs points du vue sur ce qui les oppose et finissent finalement par se rendre compte qu'ils ne sont pas si différents l'un de l'autre. Symbole du Ying et du Yang, qui est donc le dictateur ou le sauveur et comment peut bien finir cette histoire... c'est à vous de le découvrir.
Toujours est-il que cet écrit qui se réfère plus aux convictions politiques de
Wells qu'à ses implications scientifiques est fort intéressant.
"Comme toute réalité, la guerre d'Espagne aura inspiré des œuvres transposées avant de produire des documents réalistes. Le petit roman gentil que vient d'écrire H.G. Wells, gentil malgré les prétentions métaphysiques de l'auteur ostensiblement étalées dans un ennuyeux dialogue et le coup de buccin final à la Raison et au Progrès, ne retient qu'un vague filigrane des événements actuels. Un chef rouge, un chef blanc, une ville assiégée et qui résiste. Le chef blanc fait prisonnier le chef rouge, et ils découvrent qu'ils sont frères. (Non, vous allez trop vite : frères d'abord par la chair, et même jumeaux). Puis, qu'au fond ils poursuivent le même but. C'est une femme, à vrai dire, qui les en persuade. Ici la pensée de Wells, assez courte dans les hautes atmosphères, plus à l'aise dans le roman d'aventure, s'épuise à monnayer son intuition à travers des intrigues compliquées. Mais comme il gardait de son idée quelque ivresse métaphysique, il se trouble, s'affole, et tue ses deux héros. Cela doit vouloir dire que les hommes sont provisoirement stupides, mais attendez l'Homme Futur ! - Que dis-je ? H.G. Wells le clame à pleine bouche ! E.M." (Publié dans le revue Esprit par son fondateur Emmanuel Mounier - date incertaine : 1938 ou 1939)