Film réalisé par James McTeigue, écrit et produit par Andy Wachowski et Larry Wachowski, avec Natalie Portman, Hugo Weaving, Stephen Rea et John Hurt. Durée 130 minutes.
Synopsis
Angleterre, début d'un XXIème siécle uchronique. L'Europe et l'Afrique sont détruites. Le continent américain est dévasté par la pestilence. Le reste du monde n'est guère mieux loti. Et les dictatures prospèrent.
Le Royaume Uni est aux mains d'un système policier, tyrannique et faciste qui, tel le Big Brother de George Orwell, surveille les hommes et les âmes.
Mais un homme va se dresser contre ce système qui nie tout esprit de liberté individuelle, un homme qui n'est personne et tout le monde à la fois.
Un homme que l'on peut considérer comme fou, mégalo, résistant, idéaliste, redresseur de tort, terroriste, désintéressé, anarchiste, subversif...
Un homme qui va aimer celle qui deviendra sa disciple.
Cet homme a pour nom : V.
L'heure de la vérité et de la vengeance a sonné.
Origine
V pour Vendetta est l'adapation de la bande dessinée écrite par Alan Moore (qui dynamita Batman il y a quelques années, et créa également From Hell ainsi que La Ligue des Gentlemen Extraordinaires) et illustrée par David Lloyd, en 1981 dans un mensuel disparu aujourd'hui. Heureusement, en 1986, le récit intégral fut publié aux éditions DC.
Le film
Après la saga Matrix, fans de la bande dessinée de Moore et Lloyd, les frères Wachowski ont écrit le scénario et en ont confié la réalisation à James McTeigue. Au sujet de James McTeigue, dont c'est le premier film, son nom peut être repéré au générique de Matrix Reloaded & Revolutions et Star Wars II en tant que premier assistant réalisateur.
Au sujet de Guy Fawkes et La "Conspiration des poudres"
La phrase d'accroche de l'affiche mentionne la date du 5 novembre ("Remember, remember, the fifth of november"). Il s'agit du 5 novembre 1605 où un catholique considéré comme l'un des premiers anarchistes, Guy Fawkes, et quelques conspirateurs tentèrent faire exploser le Parlement car ils étaient en désaccord avec la politique du Roi James concernant les Protestants. Mais la "Conspiration des Poudres" fut découverte et Guy Fawkes fut exécuté pour trahison. A la suite de cette tentative de régicide, le 5 novembre devint une célébration en Angleterre consistant à brûler l'effigie de Guy Fawkes en allumant des feux d'artifices.
Les références
Certaines scènes du films m'ont fait penser à 1984, adapté au cinéma par Michael Radford. Clin d'oeil intéressant, John Hurt y incarnait le héros broyé. Dans V for Vandetta, il est le redoutable chancelier à la gestuelle et l'expression qui ne peuvent que faire penser au plus grand criminel de l'Histoire. D'autres séquences sont proches du contexte présenté par Orange Mécanique de Anthony Burgess et Stanley Kubrick. Ray Bradbury, avec son Fahrenheit 451, n'est pas loin, quand on visite la bibliothèque de V.
Sous le masque
Franchement, j'ai été impressionné par la performance de Hugo Weaving qui a su donner à son personnage une incroyable palette d'émotions, tout en évitant ce qui aurait pu être ridicule, exercice assez proche du théatre chinois où tout n'est que masques et faux semblants. Et chapeau bas, en particulier, pour une tirade digne de celle de Cyrano de Bergerac lorsqu'il décrit son nez avec poésie.
Une jeune femme
Natalie Portman fait face à un rôle éprouvant. Elle est superbe lors d'une scène dramatique qui vous retourne, où elle nous permet de comprendre avec admiration comment des êtres humains peuvent volontairement payer de leur vie leur différence, leur liberté, leur idéal. Elle découvrira aussi l'histoire d'un certain Comte qui s'échappa du Château d'If avant d'assouvir son amère vengeance.
Un policier
Quel plaisir de voir Stephen Rea au meilleur de sa forme dans le rôle d'un incorruptible, qui malgré le système, va utiliser le système et le combattre de l'intérieur.
Critique
Voici un excellent film, mais loin d'être parfait, probablement à cause de la difficulté d'adapter un tel sujet.
Je reconnais l'impartialité du scénario qui se garde bien de juger positivement ou négativement les actes de V. La complexité de l'histoire est bien là et pose de nombreuses questions polémiques dont les réponses sont laissées aux soins des spectateurs. Que ce soit d'un point de vue visuel, sonore et musical, le film est superbe. Certains plans sont éprouvants mais toujours justes. Pourtant, la fin m'a laissé un peu sur ma faim, un peu trop expéditive.
Mais peut-être est-ce ma faute ?
Peut-être aurais-je voulu avoir plus de détails sur l"après", en connaître un peu plus sur ce futur écrit par Alan Moore et mis en images par les créateurs de Matrix ?
Conclusion
Un film dérangeant, une histoire intéressante, à voir absolument pour se faire peur... en espérant que notre futur ne soit jamais à l'image du combat de V.
Les peuples ne devraient pas craindre leurs gouvernements.
Ce sont les gouvernements qui devraient craindre leurs peuples.