Wolfen / Wolf

Où l'on trouve Fées et Monstres

Wolfen / Wolf

Messagepar Cryptide » Mardi 17 Juin 2008, 23h28

Wolfen - Wolf

Deux films pour un seul fil ? Et pourquoi donc ?

Outre la ressemblance évidente des deux titres (simple coincidence) et le fait que je les ai revu récemment (autre coincidence !), la véritable raison qui m'a fait mettre ses deux films dans le même fil est la suivante : ce sont pour moi les deux films de loups-garous les plus adultes dans un genre où la puerilité est souvent une tradition. En effets, les lycanthropes sont souvent (mal)traité soit avec une désinvolture qui les place automatiquement dans la catégorie "humour", soit dans le blockbuster tonitruant où la subtilité n'est pas vraiment de mise (ou la série B fauchée). En somme : des films pour les ados. Ces trois catégories ne sont pas pour autant "honteuses", bien sûr, et j'ai pu prendre plaisir à voir certains de ces films mais la question n'est pas là.
Au contraire, Wolfen (1982) et Wolf (1994) font peuve d'une certaine finesse (psychologique, sociologique) et ont le courage de traiter avec sérieux un mythe qui, il faut bien l'avouer, est de tous les mythes du fantastique celui qui prête le plus à rire. Les deux films présentés ici n'en sont donc que plus méritants.



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Wolfen (1982)
Si le film de Michael Wadleigh (qui donc ?) paraîtra sans doute un peu daté parmi les plus jeunes, il a néanmoins bénéficié d'un soin plutôt rare dans le genre côté réalisation et effets spéciaux, et d'un scénario audacieux (j'y reviendrai).
Wolfen a nécessité deux ans de travail, quinze millions de dollars (une misère aujourd'hui), quatre scénaristes et un certain nombre de techniciens en effets spéciaux, dont Robert Blalack à qui l'on doit l'étonnante vision infrarouge censé représenter celle des loups. Ajoutons la participation de Garret Brown, l'inventeur de la Steadycam, qui s'occupa de filmer les plans à ras de terre par des mouvements imitant la manière de se déplacer des animaux. Et pour finir avec cet aspect de la production, la présence du grand acteur anglais Albert Finney dans le rôle du personnage principal.

L'histoire :
Depuis quelques temps, des assassinats particulièrement sauvages sont perpétrés à Manhattan. Les victimes sont retrouvées démembrées, décapitées, déchiquetées. Comme les victimes sont en plus de bons contribuables (et pas seulement de vulgaires clodos) et que les deux dernières en date étaient un politicien et son épouse, les meurtres prennent une ampleur exceptionnel. L'enquête est confiée à Dewey Wilson, un inspecteur de police au tempérament anticonformiste. Alors que les autorités penchent d'abord pour des meurtres rituels organisés par un groupuscule extrémiste, l'inspecteur Wilson est bientôt persuadé que les assassinats sont l'oeuvre de loups.
Difficile à imaginer en plein New-York, d'autant que les attaques semblent motivées par des raisons bien humaines. Wilson ne tarde pas à s'intéresser à une petite communauté d'indiens travaillant sur les superstructures de la ville. Au fil de l'enquête, la rationnalité du policier fait peu à peu place à une surprenante hypothèse : et si les loups homicides étaient en réalité les réincarnations d'indiens se vengeant de l'homme blanc?

:arrow: Comme on peut le constater, Wolfen est loin de se contenter d'une banale histoire à faire frisonner, éclaire le spectateur sur la condition de la minorité ethnique américaine la plus méprisée et la plus spoliée : les Indiens, ainsi qu'un constat accablant de la misère sévissant dans certains quartiers du New-York de l'époque (voir les quartiers en ruines du Bronx au sein desquels se réfugient les "loups"). Ce n'est pas un hasard si la scène finale du film - impressionante - se déroule en plein coeur de Wall Street, temple de l'économie capitaliste du wasp bon teint et des spéculateurs fonciers où les loups font irruption pour régler leurs comptes.
Le film joue habilement sur le sentiment de culpabilité des blancs envers les natifs de l'Amérique et la revanche de ceux-ci à travers une magie qui se perd dans la nuit des temps. Esprits de la Nature contre esprit pragmatique et mercantile.
Au-delà de ce discours social pertinent, Wolfen est aussi un film d'horreur très efficace, qui sait trouver un bon équilibre entre tension dramatique (les nombreuses scènes de chasse filmées en vision subjective infrarouge et au plus près du sol nous font partager les traques organisées par les garous) et scènes-chocs (dont une décapitation) mais en évitant toute surenchère gratuite.
Si je devais vraiment avoir quelque chose à reprocher à ce film, ce serait quelques longueurs et répétitions, notamment dans ces fameuses scènes de traque, ce jeu du chat et de la souris (ou plutôt du loup et de l'homme) qui est parfois un peu lassant lorsqu'on s'est habitué au procédé.
Mais cette petite réserve n'empêche pas Wolfen d'être un des meilleurs films sur le thème de la lycanthropie, tant par l'intelligence de son propos que par un suspense habilement mené. A voir ou à revoir.



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Wolf (1994)
L'histoire :
Will Randall (Jack Nicholson), un homme d'une cinquantaine d"années travaillant pour une petite maison d'édition, se fait mordre un soir de pleine lune par un loup. Cet événement survient à un moment où son existence passe un cap critique : il est menacé de perdre son travail au profit d'un jeune arriviste, ses relations avec son épouse se sont détériorées...
Mais peu à peu, Randall constate des changements en lui : une plus grande vitalité, des sens surdéveloppés, une agressivité accrue, toutes choses qui vont l'aider à reprendre en main sa vie. Il lui apparaît de plus en plus évident que ses nouvelles capacités résultent de la morsure du loup. Mais il se pourrait bien qu'il y ait un prix à payer pour cette nouvelle jeunesse.

:arrow: Il semble que l'intention première de Mike Nichols - réalisateur bien éloigné du fantastique - était de proposer un film de loup-garou d'une certaine maturité, loin des productions formatées pour teenagers, et traité à la manière de n'importe quel autre film dramatique.
Pour preuve : l'âge du personnage principal (la cinquantaine déclinante), le refus de toute scène de transformation spectaculaire (un maquillage discret y suffit amplement), de toute scène d'action, un contexte très réaliste (le petit monde de l'édition, ses tracasseries quotidiennes, le jeune opportuniste, l'épouse adultère, la pauvre fille riche). On pourrait presque dire que, le thème de la lycanthropie mis à part, Wolf est aussi - sinon plus - proche de la comédie de moeurs à l'américaine que du film d'épouvante. Et c'est dans cette amalgame des deux que se situe l'originalité et la profondeur du film.
Car la motivation de Wolf n'est pas tant de susciter l'angoisse mais de s'emparer d'une thème fantastique comme métaphore sociale pour raconter l'histoire d'un cinquantenaire en bout de course, menacé dans son emploi, dans sa vie privée et même dans sa virilité. Mais aussi la société en général - et le monde du travail en particulier - gagné par la compétitivité, la culte de la performance, l'horreur de vieillir, le jeunisme triomphant. Le film illustre bien évidemment l'adage selon lequel "l'homme est un loup pour l'homme", surtout quand celui-ci atteint le stade critique de l'andropause !
Pour ces raisons, je pense que le film s'adresse prioritairement à un public plus mûr que les productions lycanthropiques habituelles.

J'ajouterai qu'en plus de toutes ses qualités "de fond", Wolf m'a agréablement surpris par la qualité de ses dialogues, souvent indigents dans les autres films du genre mais faisant preuve ici d'une belle causticité.
Enfin, Wolf possède une indéniable poésie, qui se détache dans certaines scènes visuelles à la beauté crépusculaire, renforcées par la musique d'Ennio Morricone qui étale une partition tout en finesse, faites de lignes de saxo et de volutes de cordes synthétiques.
Dommage que la dernière partie, qui paie sa dette envers un fantastique plus traditionelle (et conventionnelle) vienne un peu gâcher tout ce qui a précédé.
A noter enfin, côté distribution, outre un Nicholson parfait dans un rôle ambivalent d'homme à la fois vulnérable et carnassier, l'interprétation inquiétante mais aussi amusante d'un James Spader en jeune loup ambitieux et hypocrite.
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Messagepar john.koenig » Mercredi 18 Juin 2008, 11h16

Wolfen (1982)
Si le film de Michael Wadleigh (qui donc ?)


Il me semble que c'est nul autre que Michael Crichton :?
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