Voici l'exemple typique d'un auteur encensé par le milieu de l'imaginaire (World Fantasy Award, Nebula), alors que ce qu'il écrit pourrait être publié en littérature blanche, ce qui est d'ailleurs le cas en France pour son dernier roman.
Je l'avoue : à la lecture de son quatrième de couverture, Physiognomy ne me tentait pas. Comme Jeffrey Ford était invité aux Utopiales 2004, j'ai lu... la baffe !
Extraordinaire !
Le propre d'un grand écrivain est de porter un regard particulier sur le monde, et Jeffrey Ford est un immense écrivain.
Dans Physiognomy, on suit l'enquête du meilleur physiognomiste de la Cité Impeccable dans la ville d'Anamasobie... Univers étrange et déstabilisant, bourré de trouvailles étonnantes, et cependant parfaitement cohérent, c'est un fantastique moment de lecture que vous auriez tort de bouder ! Reprenant le même personnage principal, dans des histoires non directement reliées à la première, les deux autres tomes se lisent avec le même plaisir.
Dans son dernier roman, Le portrait de Mme Charbuque, se déroule dans le monde "réel" (le nôtre, quoi ! ). OK, c'est à la sauce Ford, alors on y suit un peintre à succès chargé de faire le portrait d'une femme à partir du récit qu'elle lui fait de sa vie, cachée derrière un paravent. Le défi est de taille : faire un portrait sans jamais voir son sujet...
Et Ford est un grand nouvelliste. Son recueil The Fantasy Writer's Assistant and others stories n'a malheureusement pas été traduit. Mais comme Ford figure désormais au sommaire de Galaxies et Fiction, je ne perds pas espoir ! Et comme il met régulièrement des textes en ligne, j'en profite pour travailler mon anglais.
Bref, vous l'aurez deviné j'aime Jeffrey Ford.