par neocobalt » Vendredi 19 Mars 2010, 22h13
Ce faux jeu télé de France 2, en zone extrême, n'en est pas moins une vraie télé-réalité, celle-la même qu'il entend dénoncer chez les voisins de la télé privée. Une petite guéguerre, une attaque éclair avec pour dommages collatéraux la perdition du cobaye-questionneur voire même ses larmes.
Un excellent remake de l'expérience de Milgram au demeurant, prenant appui sur un plus grand pourcentage de candidats qui vont jusqu'au bout : 81% au lieu de 60 et quelques pourcents ; et prétendre ainsi à une mise sur la sellette du pouvoir de la télé.
Peut-être, sûrement même, mais il n'en reste pas moins que le protocole de l'expérience n'était pas le même. A en juger tout particulièrement par le poids du public sur l'agent-questionneur qui cédait en dernière instance à ses demandes pressantes de continuer. Ce qui a peut-être permis de faire cette différence sur laquelle prend appui la chaîne pour développer une thèse tendancieuse. Et si cette différence est levée, ne sommes-nous pas face au seul syndrome Pilgram ? Et la zone extrême de la télé une scène comme une autre de son expression ? Alors, attention à ne pas déraper.
Un public qui est lui-même agent dans cette histoire - et nous-mêmes, téléspectateurs. On lui demande de presser le questionneur de continuer, pressant un bouton dans son esprit embrumé, tout comme le questionneur presse le bouton censé infliger la punition au candidat-acteur, sous notre regard adulte et avisés que tout cela n'est pas vrai.
Combien de personnes dans le public se sont rebellées ?
Et le faux candidat acteur ? Ne presse-t-il pas son équipier questionneur de ses suppliques ?
Et la présentatrice, pressant d'injonctions le cobaye ? Ne va-t-elle pas jusqu'au bout de cette mascarade ? Que penser des gants qu'elle prend avec ses semblables de la gente féminine ?
Nous sommes là face à un type d'expérience à la mise en oeuvre et de nature complexe. Et s'agit-il vraiment d'une expérience ? N'est-ce pas tout bonnement une émission dont on fait le montage, en sélectionnant des passages parmi des dizaines d'heures de rushes ? Un minimum de recul et d'objectivité doit être garanti pour conserver le label scientifique. Cela n'en reste pas moins de la télé-réalité, qui a le mérite de lancer le débat avec force, mais qui ne peut se dédouaner sous prétexte qu'il s'agit d'un faux-jeu. De là à jeter l'anathème sur la télé privée d'à côté, c'est fort le coca.
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neocobalt le Dimanche 21 Mars 2010, 04h08, édité 1 fois.