Mémoires d'un maître faussaire (2008) William Heaney

"Le Poète est semblable au prince des nuées / Qui hante la tempête et se rit de l'archer; / Exilé sur le sol au milieu des huées, / Ses ailes de géant l'empêchent de marcher."

Mémoires d'un maître faussaire (2008) William Heaney

Messagepar neocobalt » Samedi 18 Juillet 2009, 19h12

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Quatrième de couverture :
William est un faussaire spécialisé dans les livres.
Il est doué pour l'écriture mais préfère griffonner incognito des poèmes pour un ami plus séduisant que lui et fabriquer des exemplaires factices de premières éditions de Jane Austen qu'il vend ensuite à des collectionneurs crédules. Il n'est pas si mauvais, au fond : il reverse l'argent récolté à un foyer pour SDF et ses crimes ne font de mal à personne.
Mais si William n'a rien fait d'autre de sa vie, ce n'est pas sans raison. Il a commis quelque chose quand il était étudiant qui lui fait honte, boit beaucoup trop et ne peut s'engager dans une relation amoureuse. Ah oui, et il voit des démons. Des silhouettes éthérées qui rôdent derrière le dos de ceux qui l'entourent, guettant un instant de faiblesse. À moins que William voie simplement la souffrance du monde ?
C'est alors qu'une femme extraordinaire, peut-être capable de l'en sauver, entre dans sa vie...
William Heaney est un imposteur. Charmant, certes, mais un imposteur quand même. Aux prises avec ses démons et ceux des autres, il passe un peu trop son temps à vider la cave des meilleurs pubs de Londres. A l'occasion il prétendra même être le nom de plume d'un grand écrivain anglais. Méfiez-vous.


Ces "mémoires" qui gagnent davantage de lecteurs chaque jour nous apparaissent au premier abord sous la douceur mêlée d'élégance de sa couverture. Voire trop élégante pour être honnête, mais ne l'oublions jamais, elles sont de la plume "d'un maître faussaire" qui n'a rien d'un ange. Certes, William Heaney s'adonne à la contrefaçon de livres rares, mais il n'en a pas moins un coeur d'or et sa générosité est aussi celle des sentiments. Quant aux démons, sa sensibilité les lui montre au fil des rencontres, tapis derrière les épaules, au détour des mémoires de la guerre des Malouines et de la guerre du Golfe, sur fond de société, de politique et de royauté, de la Couronne Britannique.

Tout a commencé par ce qui pourrait ressembler à un épisode psychotique survenu à la fac. Sans se réduire à cette seule interprétation clinique, l'incident a conditionné sa vie, menant William à une remise en question à la cinquantaine, à affronter sa culpabilité d'alors et à se reconcilier avec lui-même.
"Cela traite donc du passé, de l'expérience, du poids de l'existence et de la recherche du bonheur. [Ce roman] parle de l'adolescence et de l'âge adulte, du quotidien comme de la guerre, des faux semblants, de la solitude et de l'amour. Il répertorie tous nos démons intérieurs, les mauvais mais aussi les bons, et le fantastique se glisse là où ces démons se matérialisent." ( http://www.librairiesoleilvert.com/arti ... 91636.html )
Il se révèle ainsi métaphore de ce qui nous pousse ou nous retient dans la vie, chaque jour, à chaque instant ; psychologique, où la parano côtoie la contrefaçon comme l'authenticité des sentiments.

Ce roman, qui se structure autour de "son fil conducteur [qui] n'est autre que la réalisation toujours repoussée d'une fausse première édition de Jane Austen", et de chroniques vues comme autant d'histoires à tiroirs, nous offre une grande bouffée de sincérité, de l'élégance et de l'humour. Positif et salutaire.
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