Je me donne l'occasion dans cette rubrique de parler d'un écrivain romanesque oublié, qui au travers de ces romans, m'aura fait voyagé, m'aura ému, m'aura donné un grand plaisir de lecture. Cet écrivain a aussi abordé le fantastique dans son oeuvre le Basalte Bleu bien que celà ne soit que son unique écart vers ce genre littéraire.
Issu d'une famille suisse missionnaire en Inde, John Knittel est né en 1891 à Dharwar (province de Bombay). Il fait ses études en Suisse où ses parents reviennent en 1896. Devenu médecin, il publie son premier roman en 1919, écrit des pièces de théâtre, prend la direction d'un théâtre à Londres (1922). Son goût de l'aventure l'entraîne à voyager - l'Italie, l'Egypte, l’Afrique du Nord l'attirent particulièrement - tout en exerçant sa profession et en écrivant. John Knittel est mort en avril 1970 à Maienfeld, en Suisse.
Thérèse Etienne (1927)
Thérèse Etienne est engagée comme domestique dans la ferme d'Anton Muller. Ce dernier règne en maître sur son domaine et ne tarde pas, en lui demandant à peine son avis, à l'épouser. Le jour du mariage, Thérèse et le fils d'Anton se rencontrent et c'est le coup de foudre. Elle résiste à cette attirance mais Anton est si souvent saoûl qu'un jour elle se donne à son fils. Anton découvre son infortune et sa colère explose si terriblement que Thérèse l'empoisonne. Elle lui demande pardon, mais trop tard. Il meurt. Le remords pousse l'amant à s'accuser lui-même. Pendant le procès, Thérèse, que chacun croit innocente, avoue la vérité. Elle est arrêtée. Son fils naîtra en prison.
Le Basalte Bleu ( 1929)
L'Eternel Abîme (1930)
Abd el-Kader, dit Le Roux, appartient à la génération de ceux qui ont vu l'instauration du protectorat français au Maroc, le soulèvement du Rif en 1924 et la défaite, deux ans plus tard, du chef de l'insurrection, Abd el-Krim. C'est la lutte des Marocains pour l'indépendance que décrit ici John Knittel. A travers l'âpre et grandiose existence d'un seigneur de l'Atlas marocain, il nous montre l'éternel abîme qui sépare la civilisation française et celle des Berbères : qu'il s'agisse de la religion, des mœurs ou des épisodes d'une guerre cruelle.
La capture du général de Sonloup et de sa fille Renée, qu'Abd el-Kader prend comme otages pour obtenir une rançon lui permettant de préparer la lutte, donne une coloration romanesque à ce récit d'événements impressionnants et dramatiques.
Le Commandant (1933)
Via Mala (1934)
El Hakim (1936)
Amadée (1939)
Terra Magna - 2 tomes (1948)
Roderic Cornay avait reçu dans son enfance le surnom de Rover, c'est-à-dire Vagabond. Les circonstances devaient servir étrangement son goût pour les voyages en lui ôtant foyer, fortune et parents. Apprendre que son père n'est pas le Dr. Cornay, qui l'a élevé et qu'il révère, achève de lui donner ce sentiment de déracinement qui le pousse à suivre au Maroc son ami Idriss El Harane. D'ailleurs l'Egypte, son pays d'adoption tant aimé, ne veut pas de lui, certains incidents tragiques le lui font savoir. Nécessité cruelle ou coup de pouce d'une destinée enfin favorable ? Rover, l'orphelin doublement déshérité, trouve le havre tant cherché en voulant aider Idtiss. seigneur berbère dépossédé, à reconquérir ses tribus. Avec l'histoire de Roderic Cornay, qui lui ressemble tant, John Knittel réussit une magistrale évocation de l'Egypte et du Maroc en même temps qu'un roman au rythme prenant.
Jean Michel (1954)
Captain West ()
Aaron West achète une goélette, un équipage et appareille. Quand il revient à Londres, douze ans plus tard, il est devenu marin accompli et riche. Il s'éprend alors de Victoria qui par malheur n’aime que la vie mondaine dont lui a horreur. Pourtant, les circonstances le servent et il emmène sa femme à bord de l'Amadeo dans les mers du Sud pour retourner sur une île où, aux dires d'un ancien compagnon, abondent la nacre et la noix de coco. Il y rencontre Somna, une jeune métisse qui se consacre aux indigènes déshérités. West se découvre une vocation de missionnaire. En fait, c'est de Somna dont il veut se rendre digne et non du paradis, mais il ne le comprend qu'après bien des tribulations et là commencent vraiment ses peines. A cet homme de bonne volonté qu'a dépouillé Victoria les ouragans ne sont pas mesurés...
Arietta ()
C'est à Casablanca, dans l'agitation de ce grand port, que vit Arietta, une jeune Allemande, mariée à Hector, un gros industriel, assoiffé de puissance et d'argent. S'étiolant moralement dans ce luxe, elle s'enfuit dans un village de pêcheurs où elle fait la connaissance d'un Anglais solitaire, cultivé, qui cherche à réaliser les idéaux auxquels rêve Arietta. L'intimité grandit entre Pio et Arietta, tandis que dans une série d'aventures extraordinaires et captivantes, la catastrophe s'abat sur Hector et son confident, un parvenu trompeur et rusé.
Arietta John Knittel
Arietta est la jeune épouse d'un riche industriel Français dans le Maroc de l'après guerre. D'origine Allemande, elle peine à trouver sa place aux côtés de ce mari négligeant, arrogant, irrespectueux, et qui la traite comme quantité négligeable, la trompant, et allant jusqu'à lever la main sur elle. Elle décide de prendre des vacances, et s'enfuit quelques jours dans le Maroc sauvage. Arietta atterrit dans une petite auberge familiale au bord de l'océan. Elle y trouve le calme, la sagesse, et l'amitié d'un voisin Anglais, Pio, dont elle apprécie de plus en plus la compagnie. Elle ne veut bientôt plus retourner vers ce mari indigne.
Arietta est une réflexion sur le colonialisme, l'exploitation des populations locales par des hommes d'affaires sans scrupules, qui se révèlent aussi des hommes sans honneur. C'est aussi un livre sur la condition des femmes à cette époque, et les difficultés pour elles d'acquérir une certaine forme d'indépendance, ne serait-ce que de pensée. Le drame qui se noue à 'Ouatinouna' montre aussi à quel point il est difficile de sortir de sa condition, et, si besoin était, que l'argent ne fait pas le bonheur. C'est un beau livre, où les thèmes sont abordés avec une grande subtilité, avec le prétexte d'une histoire très prenante. (Dom)