Outlaw
Il y a des films à l'apparence trompeuse. Quand j'ai vu la jacquette du DVD de celui-ci dans mon club vidéo, je croyais avoir affaire à un film d'action défendant les valeurs réactionnaires de l'auto-défense à coups de AK-47 (voir la dites jacquette). Mais je me trompais.
L'histoire : un groupe de personnes (un militaire déboussolé fraîchement rentré d'Irak, un avocat intègre dont l'épouse est assassinée en guise de représailles dans une affaire en cours, un employé de bureau agressé en pleine rue sous le regard terrifié de sa petite amie, un jeune homme trop "efféminé" au visage tailladé par une bande de loubards, un policier écoeuré par l'attitude laxiste des ses supérieurs, un surveillant d'hôtel un brin sadique...) décident, à force de frustrations, de faire justice eux-mêmes, quitte à se retrouver impliqués dans une spirale de violence incontrôlable.
Si ce film est percutant, ce n'est pas par le nombre de balles qu'on y voit tirer, mais par un constat effrayant : celui de gens ordinaires, pas vraiment violents, pas fachos non plus (excepté le personnage du surveillant), qui en viennent malgré tout à se lancer dans une entreprise punitive plutôt chaotique parce qu'ils se trouvent pris en étau entre une criminalité banalisée (n'importe qui peut se faire agresser, n'importe où n'importe quand pour n'importe quoi) et l'incompétence, alliée à la corruption, qui sévit au sein de l'appareil judiciaire censé protéger les citoyens. Bref, ce film au réalisme quasi-documentaire, n'a rien à voir avec "Un justicier dans la ville" et autres bronsonneries.
Le plus étonnant est la manière dont le scénario met en lumière les contradictions des uns et des autres, leurs hésitations, le doute qui les assaille alors même qu'ils pensaient être dans leur bon droit.
Par les tours et détours de ce scénario tortueux, pas manichéen pour un sou, on assiste en apothéose (si on peut dire) à la scène absurde de cet avocat, jadis irréprochable, tirant sur des policiers au fusil-mitrailleur. Vraiment déroutant.