Le Mangeur d'Histoires - Fabrice Lebeault

pour les jeunes de 7 à 77 ans

Le Mangeur d'Histoires - Fabrice Lebeault

Messagepar Cryptide » Mercredi 15 Octobre 2008, 02h06

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L'histoire :
XIXè siècle. Fortuné, un jeune critique littéraire désargenté (comme son nom ne l'indique pas) est hanté jour et nuit par un curieux personnage masqué et fantômatique qui n'est autre que Le Corbeau, le héros d'un célèbre roman-feuilleton populaire. Celui-ci prétend venir du monde des imaginés, un endroit où vivent tous les personnages de fiction créés par l'imagination humaine. Mais dans ce monde, la condition sociale d'un individu dépend de la notoriété et du succès qu'il suscite dans le nôtre. Et si cette popularité vient à diminuer ou pire disparaître, les personnages voient leur situation décliné d'autant.
Angoissé à cette idée et bien déterminé à rester dans la mémoire collective, Le Corbeau cherche à rencontrer son créateur, Homère Saint-Illiède, car il a une idée à lui soumettre qui infléchirait la suite de ses aventures prévisibles à deux sous et le consacrerait définitivement. Problème : l'auteur est un homme plutôt difficile à trouver et à approcher.
Il parvient toutefois à persuader Fortuné de l'aider dans son projet. Mais la suite va prendre une tournure imprévue et effrayante, digne d'une oeuvre gothique...

On l'aura compris : la BD de Fabrice Lebeault joue sur le fameux procédé de la mise en abyme, du personnage de fiction surgissant dans la réalité et tentant de rencontrer son créateur. Idée classique mais toujours appétissante pour peu que le scénario soit à la hauteur. C'est le cas ici, Lebeault tirant parti de la situation avec un humour léger (du moins dans la première partie) où il s'amuse avec les conventions du roman populaire et ses intrigues tarabiscotées du type Fantômas ou Belphégor. Les conversations entre Fortuné et Le Corbeau sont particulièrement savoureuses par leur causticité et leur ironie. L'ambiance nocturne de la ville (imaginaire mais calquée à l'évidence sur le Paris de la Belle Epoque) est également réussie.
Dans la seconde moitié de l'album, nous quittons les rues étroites de la cité pour le manoir de l'auteur énigmatique où vont se dérouler la suite des événements, d'une nature moins désinvolte et plus dramatique. Cette fois, on est plutôt du côté d'Edgar Poe, d'Hoffman ou de Maurice Renard : ambiance mystérieuse et oppressante, personnages inquiétants et révélation finale purement fantastique.
Le Mangeur d'Histoires annexe donc deux genres romanesques populaires très ancrés dans une époque, mais en substituant à leurs naïvetés romantiques un ton plus acide, ce qui ne l'empêche pas pour autant - c'est son principal mérite - de restituer, tant par son dessin que son scénario, le charme suranné de ce type d'univers.

A noter que cet album est atypique pour les Editions Dupuis : une présentation plutôt luxueuse, un format un peu plus petit que d'habitude, un nombre de planches plus important (66 pages) auxquelles s'ajoute un supplément de 12 pages en fin d'album reprenant le synopsis de départ et quelques illustrations. On peut ainsi constater les remaniements opérés par l'auteur dans le résultat final. Intéressant.
Ajoutons pour terminer une jolie couverture qui donne d'emblée envie de plonger dans l'album.
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