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Les techniques narratives

MessagePosté: Samedi 07 Avril 2007, 14h07
par neocobalt
Appréciant l'écriture et ses techniques, j'ai eu l'occasion de lire des scénarios ou seulement quelques passages : I Robot (Harlan Ellison), Contact (le film), Star Wars La Menace Fantôme, quelques bribes dans le domaine du cinéma et des bandes-dessinées.

Je vous propose de discuter ici et de partager nos connaissances notamment dans ce domaine du scenario, et de sa magie, sans lequel il n'y a pas de films, ni de séries télé, ni de bandes-dessinées.

Tout d'abord, on pourra se demander : qu'est-ce qu'un scenario ? à quoi cela sert-il ? existe-t-il des formations pour en écrire ? quelles en sont les techniques ? quelles sont les particularités des scénarios dans tel film ou série ? le scenario d'un film se développe-t-il de la même façon dans une série télé qu'au cinéma ? et dans une BD ou même un jeu vidéo ? etc.

Naturellement, placer ce domaine du scenario sous les feux de la rampe ne doit pas cacher pour autant ses ascendances : la littérature tout particulièrement. Car les techniques narratives ne se cantonnent pas à celle du scenario et puisent leur héritage dans la littérature. Ainsi, se côtoiront cinéma, littérature et bande-dessinée entre autres.

MessagePosté: Dimanche 15 Avril 2007, 08h55
par neocobalt
Le Roller Coaster

Comment dynamiser l'écriture d'une histoire pleine de suspense et de passion ?

L'une des solutions est d'utiliser la technique du Roller Coaster (Montagnes Russes).
En premier, éviter les scènes futiles qui alourdissent inutilement la narration et nuisent à la clarté du récit. Il faut, comme le conseillent les Editions Ivoire-Clair, «éliminer impitoyablement tout ce qui n'est pas essentiel au but final : raconter une histoire en tenant le lecteur en haleine».

C'est l'une des techniques de Stephen King, qui met en place ses personnages sur une cinquantaine de pages maxi avant d'immerger le lecteur dans un déferlement d'action infernal jusqu'à la fin des quatre cent pages, un truc qui vous laisse complètement flagada.

Pour condenser, voir également la méthode radicale utilisée par Peter Jackson dans son adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux, roman fleuve de 1200 pages de J.J.R Tolkien.

Se concentrer sur les personnages principaux (et là, P.Jackson a éliminé une bonne moitié des personnages). Si deux personnages secondaires sont importants, essayer de n'en faire qu'une seule et même personne. Mieux, intégrer leurs caractéristiques et actions à l'un des personnages principaux.
Resserrer l'action. Si deux actions sont vitales à l'histoire mais trop longues, les fusionner, voire les intervertir - ce qui crée une rupture en augmentant leur impact.
Conclusion : Après relecture du bouquin de Tolkien, on peut dire que Jackson a su garder l'esprit du livre en condensant l'histoire, en travaillant par ellipses. Il n'a pas hésité à fusionner certains personnages, intervertir certaines scènes, voire en retarder certaines afin de les concentrer vers la fin. Et il n'y a aucune trahison. Ce n'est pas une adaptation, mais plutôt ce que font certains écrivains, surtout les américains qui, lorsqu'ils se relisent, peuvent élaguer de 30%, donnant un style rapide, incisif ; c’est peut-être pour ça que les romans de ces auteurs sont si souvent adaptés au cinéma.
Exemples types : Michael Chrichton, ou encore Maurice Dantec ou Jean-Christophe Grangé.

Ne pas oublier, que l'écrivain est le créateur, le dieu de ses personnages...
Cette phase d'élagage est à l'évidence un défi intellectuel, probablement douloureux... mais pas différent de celui que vit un metteur en scène qui coupe dans son film avec l'aide de son monteur - comment choisir les scènes qui devront rester sur la table de montage ? En ce concentrant sur un seul but : arriver à la fin de l'histoire avec le maximum d'efficacité.

( lire l'article original de Yabaar : http://yabaar.free.fr/exposes/rollercoaster.html )

MessagePosté: Mercredi 04 Juin 2008, 23h21
par neocobalt
L'effet-bus

Je prends la liberté de citer le propos de Cryptide dans le forum d'Erwelyn & Theyrani, relatif au sujet sur Jacques Tourneur :
http://erwelyn-theyrani.grafbb.com/vos- ... 2.htm#4512

Pour ne pas le paraphraser, je laisserai la curiosité faire le reste et vous mener à ce procédé archi-connu.

MessagePosté: Samedi 14 Juin 2008, 10h47
par neocobalt
La ligne claire

A l'occasion d'une interview de Christophe Lambert par Doc Mars sur son site web Mars & SF, le romancier évoque ses références en terme d'auteurs et la notion de "ligne claire" :
dans la narration, la référence ultime pour moi est Hergé. Je crois que la notion de « ligne claire » (efficacité, clarté, pas de circonvolutions, etc.) s'applique aussi bien dans le dessin que dans le scénario. Je dirais même que le concept de « ligne claire » s'applique à tous les arts.

Lire l'interview : http://gotomars.free.fr/clambert.html

MessagePosté: Mardi 17 Juin 2008, 23h18
par neocobalt
A le lecture de La séparation de Christopher Priest (2002), Erwelyn met en lumière la virtuosité de la narration de l'auteur :

"Priest prend le parti de revisiter l’Histoire des deux pays, Angleterre et Allemagne, et choisit pour ça plusieurs angles mais évite parfaitement la redondance des épisodes communs. Il utilise toutes les méthodes littéraires possibles : style journalistique, romanesque, épistolaire, extraits de journaux intimes, de livres d’Histoire et de rapports officiels. Le chassé croisé des évènements devient un puzzle complexe mené de plume de maître, un maître qui domine sa chronologie, fut-elle réinventée."

Une telle palette d'artifices structurants et narratifs sont les pinceaux et les couleurs propres à dépeindre un tableau à caractère historique, ici celui d'une séparation uchronique.

Lire la présentation sur le forum d'Erwelyn de La séparation de Christopher Priest (2002)

MessagePosté: Mercredi 30 Juillet 2008, 21h57
par neocobalt
La fiche de personnage

Après "la ligne claire", nous trouverons un autre héritage du monde de la BD dans "la fiche de personnage".

Voici quelques lignes au sujet de l'actualité littéraire qui a retenu mon attention sur ce truc de scénariste, de romancier, d'auteur tout court.
A l'occasion de l'interview accordée à Erwelyn, Anthelme Hauchecorne s'exprime sur la façon de donner vie à ses personnages littéraires :
"Je travaille à partir de fiches de personnage, habitude héritée du jeu de rôle, mais que l’on pratique aussi en BD. Je m’inspire de personnages de films et de séries : Snake Plissken (New York 1997), Han Solo, Dr. House"

Lire l'interview d'Anthelme Hauchecorne, à l'occasion de l'édition de La tour des illusions (Ateliers de presse) :
http://www.erwelyn.com/hauchecorne.html

MessagePosté: Vendredi 21 Novembre 2008, 17h26
par neocobalt
Deux autres techniques narratives ont retenu mon attention au fil de discussions et de lectures :

- les histoires à tiroirs ;
- la multiplication des points de vue narratifs.

Concernant la première (les histoires à tiroirs), je n'ose guère en esquisser les contours ; comment aborder ici un pan entier de l'écriture, parmi d'autres techniques ? Je me limiterai à les évoquer plus par ignorance que paresse. Elles mériteraient d'être développées chacune dans leur propre fil de discussion, le temps d'en apprendre plus au fil d'autres recherches et découvertes.

MessagePosté: Jeudi 11 Novembre 2010, 17h04
par neocobalt
Inventaire des Points de vue

"Le point de vue, dans un récit, est indissociable de la notion de narrateur, même si les deux concepts recouvrent des réalités légèrement différentes. Toute histoire est forcément racontée (pour être transmise), et le ou les moyens employés définissent le mode de narration et donc le point de vue."
http://lioneldavoust.com/2010/11/invent ... ts-de-vue/

"Le narrateur est celui qui raconte l’histoire. Ce n’est pas forcément un personnage, il n’a pas forcément une identité claire, ni n’est même obligatoirement un choix possible dans notre réalité consensuelle. [...]
La connaissance que le narrateur a du récit en train de se dérouler définit le point du vue. Y réfléchir et le choisir est extrêmement important car, pour respecter la cohérence de l’histoire – et donc maintenir la suspension d’incrédulité du lecteur – il impose toutes sortes de limitations et de contraintes sur le récit. Par exemple, le narrateur ne peut pas raconter ce qu’il ignore [...]
Il convient donc de réfléchir aux effets, à l’ambiance que l’on souhaite créer, pour choisir le mode de narration adapté. Il est évidemment possible de changer de mode de narration dans le même récit, à condition de guider clairement le lecteur [...]
"

Source : http://www.actusf.com/forum/viewtopic.p ... 029#144029

MessagePosté: Samedi 23 Avril 2011, 09h24
par neocobalt
La mise en abyme

"La mise en abyme, mise en abysme ou plus rarement mise en abîme est un procédé consistant à représenter une œuvre dans une œuvre du même type, par exemple en incrustant une image en elle-même. On retrouve dans ce principe l'« autosimilarité » et le principe des fractales ou de la récursivité en mathématiques."
Voici comment Wikipédia présente ce procédé artistique, à l'origine "littéraire évoquant le jeu des miroirs" - que l'on peut lire dans Le bon Usage de Maurice Grevisse - et donnant le vertige.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mise_en_abyme

"En littérature, la mise en abyme est un procédé consistant à placer à l'intérieur du récit principal un récit qui reprend de façon plus ou moins fidèle des actions ou des thèmes du récit principal, comme dans la pièce Hamlet".
Dans la "tragédie Hamlet de Shakespeare : à l'intérieur de la pièce se joue une pièce de théâtre qui dénoncera l'adultère et le meurtre du père d'Hamlet".

"Il ne faut pas confondre la mise en abyme avec le récit enchâssé, qui consiste à faire raconter par le personnage d'un récit un autre récit, dans lequel peut apparaître un personnage qui en racontera encore un autre, comme dans les Mille et une nuits."
"La mise en abyme est un procédé artistique — ou de réflexion intellectuelle — qui entraîne souvent une sensation de vertige."
"Ce procédé permet de créer du trouble dans la convention narrative. Le procédé permet de donner le tournis au lecteur ou à l'auditeur qui rapidement ne sait plus qui parle : l'auteur, Shéhérazade ou un personnage ?"

MessagePosté: Samedi 28 Mai 2011, 01h41
par neocobalt
J'ai créé ce sujet de discussion sur les techniques narratives, initialement dans un cadre plus large, s'étendant du cinéma à la bande-dessinée et autres domaines narratifs.
Le domaine littéraire gagnant en pertinence, je propose de recadrer le sujet dans ce forum dédié à la littérature plus fondamentale.
N'hésitez pas à participer...

MessagePosté: Lundi 22 Août 2011, 22h03
par neocobalt
La narratologie
http://www.signosemio.com/genette/narratologie.asp
d'après les travaux de Gérard Genette (1972 et 1983)
Source : le forum de CoCyclics http://tremplinsdelimaginaire.com/cocyc ... 97#p513797

Re: Les techniques narratives

MessagePosté: Jeudi 12 Mars 2015, 16h43
par neocobalt