Alexis Aubenque - Charité bien ordonnée (2011)

Autour du roman policier et associés : énigme, suspense, thriller, roman noir, espionnage, western, polar fantastique

Alexis Aubenque - Charité bien ordonnée (2011)

Messagepar erwelyn » Mercredi 25 Avril 2012, 18h39

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Quatrième de couverture
Mike Logan, l'ancien shérif de River Falls, est de retour à Seattle. Devenu chef du service des homicides, Il est confronté en ce début de printemps au meurtre d'un jeune étudiant en beaux-arts. Il confie l'affaire à sa meilleure équipe. Très vite, les lieutenants Rivera et Nelson en viennent à enquêter sur la famille la plus influente de la ville, les Winedrove, et plus particulièrement sur leurs quatre enfants, qui ont chacun choisi des chemins bien différents...
Avec ce nouvel opus, Alexis Aubenque nous invite à plonger dans le monde des hyper-riches, dont il décrit les excès et les frasques avec un sens du suspense toujours maîtrisé.

:arrow: D'abord une petite présentation de l'écrivain. Alexis Aubenque est un auteur de littérature populaire et ça, ça ne plaît pas à tout le monde. Qu'est-ce que ça veut dire au juste ? Et bien tout simplement que dès que la seule volonté de l'auteur est de distraire sans trop s'impliquer personnellement, il y a toujours une intelligentsia polardeuse ou science-fictionnaire pour critiquer, descendre, flageller. Alexis Aubenque a essuyé ces critiques dont nous-mêmes avons été témoins lorsque parut en 2002 son dyptique SF La chute des mondes. Cette saga en 2 tomes était (est toujours) pourtant une œuvre intéressante car très abordable même (et surtout) pour les apprentis-lecteurs de science-fiction mais pas seulement. Dans son univers, il y dresse plusieurs planètes qui ont chacune une identité, un régime, une politique différente. Ainsi on bascule d'un univers futuriste à un monde médiéval en passant par des sociétés religieuses ou totalitaires etc. Un exercice de style pour le jeune auteur qui jongle ainsi entre SF et fantasy, un hommage aussi à une génération perdue d'auteurs de SF issus de la feue collection Anticipation (Fleuve Noir), une aberration (bien évidemment) pour des journaleux snobinards, mais une belle initiation à l'imaginaire pour le lecteur.
Mais Alexis n'est pas du genre à baisser les bras. C'est un écrivain né qui veut vivre de sa plume, qui apprend de ses erreurs, se perfectionne, se remet en question, progresse. Et on le voit réapparaître en 2008 avec un thriller 7 jours à Rivers Falls qui sera le premier volet d'une trilogie consacré à Mike Logan, shérif de Seattle en remplacement pour un an dans le petit patelin américain. Si ce premier tome est de facture assez classique et dont j'ai surtout retenu un final absolument jouissif façon slasher, c'est sans conteste le deuxième tome, Un Automne à Rivers Falls, qui lui vaut la reconnaissance (enfin !) du public. Titre qui obtiendra d'ailleurs le Prix Polar de Cognac en 2009. Suivra Un Noël à Rivers Falls.
Le problème c'est qu'il est toujours difficile de se défaire d'un personnage. Aussi, voilà que monsieur Aubenque décide de remettre le couvert avec lui dans une nouvelle série Nuits noires à Seattle dont Charité bien ordonnée est le premier volet. Et là je me suis régalée à bien des niveaux. Pour comprendre, il manque une donnée de taille. Alexis Aubenque est un passionné de culture populaire autrement dit ses références ne s'arrêtent pas à quelques collections dites "de gare", il aime aussi le cinéma ET les séries télévisées. Et pour peu que vous aussi, alors vous verrez tout de suite ce à quoi se réfère son dernier roman. Ce n'est ni plus ni moins qu'un hommage (d'autres dirons du copier/coller - et alors ! ai-je envie de leur répondre !) aux séries TV américaines et deux en particulier. J'avoue qu'avant d'écrire cet article j'ai pris soin de joindre l'auteur pour être certaines que j'avais bien tapé dans le mille. Et bingo.
Charité bien ordonnée est un roman de procédure policière. Un meurtre et des flics qui enquêtent. Le personnage de Mike Logan est désormais en retrait au profit de l'équipe qu'il encadre. La structure de la première moitié du roman est littéralement et volontairement calquée sur la série Order & Law (New-York Police judiciaire et son dérivé New-york unité spéciale) :

Un prologue permettant de découvrir la ou les victimes d'un meurtre et au cours duquel sont présentés au lecteur les éléments de base de l'enquête.
Une première partie consistant en l'enquête proprement dite qui aboutit généralement à l'arrestation d'un ou plusieurs suspects.
Une deuxième partie qui se déroule dans l'environnement des tribunaux, des avocats et des juges.

La seconde moitié fait référence à une autre série peut-être un peu moins connue parce que plus récente : Dirty Sexy Money dans laquelle on voit évoluer des gens riches, exécrables, manipulateurs au dessus évidemment de toutes lois pouvant être contournées par le pouvoir de l'argent. C'est avec donc cette manne télévisuelle qu'Alexis Aubenque construit son scénario évitant les écueils du plagiat (quel mot horrible). Qu'en est-il pour le lecteur qui le lit ? Soit vous êtes comme moi fan de séries et sans chercher midi à quatorze heures vous vous faites juste le plaisir non pas de visionner mais de lire un long épisode en référence à vos séries préférées, soit vous n'avez aucune de ces images en tête et vous vous plongez tout simplement dans l'univers judiciaire et procédural américain en suivant une enquête évidemment pleines de rebondissement et qui, à défaut de totalement vous dépayser, vous captivera par son rythme efficace.
Le seul bémol qui un jour poussera sûrement l'auteur à se tourner vers des romans se situant en France, c'est qu'il est totalement conscient qu'en n'étant jamais allé à Seattle, il manque dans son récit une palette d'odeurs, de couleurs ou d'émotions que seul quelqu'un qui aurait passé du temps là-bas pourrait retranscrire. Cette frustration, Alexis Aubenque la ressent d'autant mieux que c'est effectivement une lacune qu'il ne peut renier. Aussi planchera-t-il sans doute un jour sur un polar montpelliérain, qui sait ?
En attendant je vous invite à venir découvrir ses livres mais l'auteur, aussi. Car comme vous avez pu le constater, son parcours n'est pas sans embûche. Une expérience parfois difficile que vivent de nombreux auteurs et que seule la persévérance et le travail permettent de surmonter. Et ce qui ravie des auteurs comme Alexis, au delà de ceux qui font du polar encore un sous-genre, c'est que le public est au rendez-vous ou/et que des libraires les soutiennent.
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