Freaks' squeele T.5 : Nanorigines (Florent Maudoux)

pour les jeunes de 7 à 77 ans

Freaks' squeele T.5 : Nanorigines (Florent Maudoux)

Messagepar Vorpalin » Mercredi 15 Février 2012, 00h33

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Freak's squeele T.5 : Nanorigines

Scénario et dessin : Florent Maudoux
Edition : Ankama
Collection : Label 619
Année de parution : 2012

Après avoir réussi à déjouer la menace qui pesait sur le directeur de leur université la F.E.A.H. dans le tome précédent, notre trio vedette va à nouveau être confronté aux manigances de Saint-Ange, l'université rivale. Mais cette fois, le moyen imaginé par cette dernière pour se débarasser de la F.E.A.H. (et de quelques autres écoles de héros de seconde zone) emprunte un chemin nettement plus tortueux, sous couvert d'une loi discriminatoire sur le point d'être votée et qui aurait comme conséquence la fermeture pure et simple de l'université.
Mais alors que Xiang Mao, Chance et Ombre préparent la riposte, les voilà soudain devenu amnésiques, ayant tout oublier de leur passé et des événements précédents.
C'est le début d'une longue enquête ayant pour but de retrouver leur identité, les motivations de leur combat mais aussi une suite d'événements complexes auxquels ils auraient participés il y a trois mois et dont les enjeux dépassent le simple cadre d'une querelle inter-école.

Ceux qui connaissent cette savoureuse série savent qu'elle a pour habitude de brasser un grand nombre de références de la culture populaire et des séries B en particulier (fantastique, fantasy, films de kung-fu, ...). De ce point de vue, Nanorigines ne fait pas exception à la règle et il paraît évident que Maudoux a, cette fois, puisé son inspiration dans un genre spécifique : le thriller d'espionnage. Beaucoup d'éléments s'y rapportent : l'amnésie, la présence très marquée de gadgets électroniques high-tec (clé usb, carte mémoire, fichiers informatique, etc... et même une montre-gadget ringarde), une Xiang Mao portant durant presque toute l'aventure une robe de soirée moulante et des escarpins, l'infiltration du trio dans la fête de remise des diplômes des 3iè année, les militaires, la machination d'un doyen baptisé le Dude, les mensonges, dissimulations, faux-semblants, secrets d'état, etc...
Inutile de dire aussi que ce qui caractérise les histoires d'espionnage, c'est une intrigue toujours alambiquée.
C'est sur ce point, surtout, que ce tome 5 déconcerte car, aux scénarios limpides et linéaires (mais néanmoins fouillés) riches en péripéties mouvementées des tomes précédents, Nanorigines se distingue par un angle d'approche et un traitement tout différent qui est principalement la conséquence du thème de l'amnésie de ses héros et du cheminement inductif pour la retrouver mais aussi de l'espionnite aigüe qui amène son lot de manipulations, contre-vérités, personnages duplices, etc... . Et l'on perd alors en clarté ce que l'on gagne en mystère et en densité.
Si, contrairement à moi, vous n'êtes pas allergique au genre, la lecture ne devrait sans doute pas vous poser les mêmes problèmes qui ont été les miens sur cet album et m'ont amené, hélas, à trouver cette cinquième aventure moins divertissante.

Autre particularité de ce nouveau Freak's squeele : la quantité de textes (à vue de nez environ trois fois supérieure aux volumes précédents) qui en fait un album excessivement bavard. La raison est encore une fois à chercher dans l'approche narrative de Maudoux : car en faisant perdre la mémoire aux personnages dès le chapitre II et devoir combler un trou dans le récit de presque trois mois, l'auteur se retrouve obligé à la fois de faire s'interroger les personnages sur leur situation mais aussi, chemin faisant, de se faire raconter/expliquer les événements par les protagonistes secondaires plutôt que de simplement les montrer tels qu'ils auraient pu se dérouler dans une intrigue plus linéaire. Résultat : perte de rythme inévitable et nécessité d'avoir recours à une avalanche de textes et une ribambelle de flash-backs.
On accepte le principe ou pas mais personellement, j'ai eu un peu de mal.
Bien sûr, le travail de Maudoux (qui s'affine encore sur le plan graphique il m'a semblé) reste toujours de bonne qualité, malgré ce parti-pris auquel je n'ai pas adhéré, et ce cinquième opus reste plus ou moins fidèle au cocktail détonnant d'action, d'humour, de références en pagaille, mais j'ai malgré tout trouvé l'ensemble moins digeste et jouissif qu'à l'accoutumée et au charme plus intermittent.
Pour finir sur trois notes plus positives bien qu'un rien anecdotiques, je pourrai évoquer la présence à la fois nominative et physique d'un double du Dude, clin d'oeil au film-culte The Big Lebowski, le comparse chafouin mais aussi souffre-douleur de notre triumvirat héroïque surnommé "surfer" et une révélation finale croquignolette concernant la pétillante démonette Chance.
Par ailleurs, les dernières pages semblent promettre un tome 6 bien mouvementé et, je l'espère, revenant aux bonnes vieilles habitudes.

Car pour ceux qui ne connaîtraient pas encore cette série et malgré mes réticences envers ce cinquième opus, je ne peux que recommander chaudement cette saga remuante (les tome 2 et 4 en particulier) et d'une grande richesse thématique, pleine d'humour et de bonne humeur, aux personnages attachants et au rythme trépidant, qui parvient à concilier harmonieusement la BD européenne et certains aspects du manga pour un résultat original et très maîtrisé dans son genre.
Drapé dans un manteau de fou rire, il écrivait des texticules sur l'abominable neige des hommes (Philippe Curval)
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