Le mythe des lycanthropes

Science, fiction et veille sous le ciel étoilé des motifs & thématiques de l'imaginaire : des créatures de légende aux extraterrestres, voyage dans le temps...

Le mythe des lycanthropes

Messagepar Cryptide » Mardi 15 Juillet 2008, 22h15

Le loup-garou (et ses variations comme la femme-panthère, l'homme-ours, le kitsune (renard-garou), le coyotero (coyote-garou), l'enfant-marsoin...ah non, pas celui-là) n'a jamais eu le même prestige auprès des amateurs de fantastique que le vampire. Pourquoi ? Question de style pour commencer. Qu'on en juge :

A ma gauche, le vampire aristocratique ou rockeur (bref le maître de céans ou le rebelle) possède un charme fou, un charisme irrésistible, une certaine classe. Il trône dans la nuit comme un sphinx incompris (pardon, Charles !).
Bref, les romans et le cinéma nous donne du vampire une image très coool ! Et pour peu qu'on y ajoute un peu de souffrance psychologico-philosophico-métaphysique (Lestat, Angel), il n'en est que plus attirant, puisque profond en plus d'être beau. N'est-ce pas mesdesmoiselles ?
Sans oublier le charme des femmes vampires (celles aux décolettés plongeants des films de la Hammer, Sélène dans Underworld). N'est-ce pas messieurs ?

A ma droite, le loup-garou, donc. Il est bestial, primitif, repoussant et il sent le poil de chien mouillé (du moins, on peut le supposer). Sa transformation physique est toujours très douloureuse (pauvre bête !) mais une fois celle-ci accomplie, il n'est pas du genre - contrairement au vampire - à s'étendre sur des considérations philosophiques. Bref, en plus d'être pas beau, il n'a pas de profondeur. Et à moins d'avoir une passion déraisonnable pour Demis Roussos (et consorts), les femmes ne le trouvent guère attirant.
Quand aux loups-garoutes (louves-garous ?), euh... j'ai bien lu une fois une petite annonce où un homme recherchait une femme très poilue mais ce doit être une exception (tous les goûts sont dans la nature).
Même Michelle Pfeiffer, à la fin de WOLF, ne s'est pas risquée à se montrer à poils (et, aussi étrange que cela paraisse, on ne s'en plaindra pas).
Bien sûr, il existe une alternative : la femme-panthère. La Féline est en général ravissante (Simone Simon dans Cat People de 1942, Nastassja Kinski dans le remake de 1982. On aurait pu tomber plus mal !). Elle est aussi mystérieuse, sombre, énigmatique, sensuelle, capricicieuse et un peu fatal.
Quand elle se transforme, elle a le bon goût d'avoir le poil soyeux et la dentition impeccable (même si elle a une haleine de coyote, du moins on peut le supposer). L'inconvénient étant qu'elle est aussi souvent agressive et même un peu mortelle.

Toujours est-il que le lycanthrope reste un mal aimé. Il sait pertinement qu'il n'aura jamais la prestance du vampire mais finalement il s'en fiche car lui, au moins, a l'avantage d'être toujours vivant !
De plus, il possède lui aussi une bibliographie et surtout une filmographie (on trouve plus de films qui lui sont consacrés que de romans), même si elle est loin d'être aussi longue que celle du vampire et d'aussi bonne qualité.
Car même la SDPG (La Société pour la Défense et la Promotion des Garous) elle-même doit l'avouer : les oeuvres lycanthropiques sont souvent médiocres. Si on prend comme exemple le cinéma, pour quelques rares films de qualité (Hurlements, Wolfen, Wolf, Le Loup-Garou de Londres, La compagnie des loups), ou regardables (Dog Soldiers, Underworld 1 et 2) combien de gros nanars en perspective ! (les suites de Hurlements, Le Loup-Garou de Paris, Peur Bleue, Cursed, ...Teen Wolf !) et encore j'évite de citer les pires (car il y a pire).

Autre problème plus fondamental : le mythe ne possède aucun chef-d'oeuvre fondateur (justement), contrairement au Dracula de Bram Stocker pour les vampires (encore eux !) même si le folklore dont il est issu est au moins aussi ancien que celui du vampirisme. Et il n'est pas vraiment aisé de trouver les textes littéraires les plus anciens le concernant (j'en sais quelque chose !)
Il semble que le "Dracula" lycanthropique soit encore à écrire mais il est peut-être trop tard.
Enfin, un problème plus "philosophique", dirons-nous : le loup-garou représente la part d'animalité et de sauvagerie qui sommeille en l'homme et que celui-ci a souvent du mal à accepter. D'où une certaine indifférence, voir du mépris et une approche du mythe souvent trop...primaire. Bref, voilà beaucoup de murs à franchir pour l'amateur de fantastique mais ne soyons pas pessimistes.
Du reste, si vous êtes trop déprimés, vous pouvez toujours jouer aux Loups-Garous de Thiercelieux.

Voici tout de même quelques oeuvres a voir abordé le genre (certains vont sans doute se dire : enfin, il rentre dans le vif du sujet, c'est pas trop tôt !).


Littérature

On trouve mention d'un premier cas de lycanthropie dans la mythologie grecque avec la légende de Lycaon, rapportée par Appolodore. Lycaon était un roi d'Arcadie qui avait cinquante fils (quelle santé !) et réputé pour son impiété. Un jour, Zeus se présenta à lui incognito sous l'apparence d'un pauvre paysan. Voulant tester la divinité, Lycaon lui fit servir des mets mélangés à de la chair humaine. Outragé, Zeus foudroya les fils du roi et transforma celui-ci en loup. Le mot lycanthropie est bien évidemment dérivé de Lycaon.

Une petite anthologie parue chez Librio, Gare aux garou ! (avec un titre pareil, comment voulez-vous les prendre aux sérieux, aussi !), rassemblent quelques textes anciens dans un ordre chronologique (le premier est indubitablement antique mais je ne souviens plus ni du titre ni de l'auteur). En tout cas, le livre ne coûte que 2 €.

Autre anthologie intéressante de textes plus récents : Le bal des loups-garous, mitonnée par Barbara Sadoul (chez Lunes d'Encre).
La plupart des nouvelles proposées restent assez classiques (on en trouve même une de ce bon vieux Seabury Quinn). Deux d'entre elles sortent du lot selon moi :

Opération Efrit de Poul Anderson est une nouvelle plutôt originale, entre fantastique et fantasy. Dans une guerre où la magie/la sorcellerie remplace les armes, un soldat-lycanthrope est chargé de s'introduire dans une cité ennemie pour éliminer un Efrit - autrement dit un démon - qui est leur allié. Pas follement subtile mais très divertissante avec son côté "Harry Potter chez les bidasses".

Le changement de Ramsey Campbell choisit l'angle réaliste et propose une variation étonnante du mythe, plus axée sur la psychologie que sur le spectaculaire. Un écrivain rédigeant un essai sur la survivance des instincts animaux dans l'homme voit son travail (et son mental) perturbé par une série de petites nuisances quotidiennes qui réveille en lui la bête.


Le premier roman que je mentionnerai est Plus noir que vous ne pensez (1948) de Jack Williamson. Je lui ai consacré un post sur le site d'Erwelyn : http://erwelyn-theyrani.grafbb.com/loup ... 8-t629.htm

Les loups-garous de Londres (Brian Stableford)
Egypte, 1872. Assiégé par des visions obsédantes de l'enfer, David délire. Au même moment, en Angleterre, Gabriel orphelin placé chez les les sœurs du manoir de Hudlestone, se découvre d'étranges pouvoirs. Un homme, un enfant... tous deux possédés, propulsés dans un univers peuplé de songes sataniques et d'anges déchus, où règne le sphinx et le démon-araigne... tandis qu'à Londres, les loups-garous veillent, sous les ordres de la superbe Mandorla. Elle fait enlever David et aide Gabriel à s'échapper de l'orphelinat, dans l'espoir d'utiliser leurs pouvoirs surnaturels pour détruire le monde.. Un féroce combat s'engage entre les forces de l'ombre et les lumières de la raison, entre superstition et scepticisme. Gabriel, devenu ange crucifié, sauvera-t-il l'humanité ?
Un roman dans la mouvance steampunk, située au XIXiè siècle. Lycanthropie, pratiques occultes, spiritisme, archéologie...Un roman foisonnant qui brasse une multitude de thèmes fantastiques (les loups-garous n'ont pas vraiment le rôle principal), de personnages et de lieux (dont l'Egypte). Assez grandiose. Il s'agit du premier tome d'une trilogie mais je ne connais pas les autres. A lire.

L'heure du loup (Robert McCammon) 1989
Roman d'aventure fantastiques et d'espionnage situé durant le Seconde Guerre Mondiale, entre Indiana Jones et James Bond, qui raconte les exploits d'un espion capable de se métamorphoser en loup-garou au moment le plus propice. Dans la grande tradition du feuilleton, un roman touffu bourré de péripéties où l'on ne s'ennuie pas une minute.

Nadya (Pat Murphy) 2000
Histoire d'une "louve-garou" au temps du vieil Ouest, fortement imprégné de féminisme (et d'homosexualité féminine !). Après que ses parents aient été tués par des chasseurs, Nadya traverse le pays, seule, vers la Californie. En chemin, elle rencontre Elisabeth, une jeune femme elle aussi endueillée et que le convoi dont elle faisait partie a abandonnée. Elles y vivront une série d'aventures et noueront une relation passionnelle...avant que le retour à la civilisation d'Elisabeth ne les sépare. Un angle d'approche intéressant du mythe mais on peut déplorer pas mal de longueurs.

L'homme à l'envers (Fred Vargas) 2003
Un polar assez farfelu, à l'humour très décalé, où plane l'ombre d'une nouvelle Bête de Gévaudan (simple loup ou loup-garou ?) dans le Mercantour. Des brebis sont égorgées, puis une jeune femme et la bête reste introuvable malgré les battues. Un groupe de personnes entame alors une longue route pour retrouver le présumé coupable, jusqu'à ce que le commissaire Adambserg - personnage fétiche de Vargas - s'en mêle et démontre que la "bête" n'est pas celle à laquelle on pense.
Comme on le voit, il ne s'agit pas ici pour la romancière d'écrire une vraie histoire de loup-garou mais plutôt de s'inspirer des légendes le concernant. C'est une sorte de "road novel" qui vaut surtout pour sa galerie de personnages pittoresques, qui s'amuse à jouer avec les stéréotypes et une ambiance de France profonde bien rendue. Un excellent moment de lecture.

(3 autres romans que je n'ai pas lu)
La meute hurlante (Serge Brussolo)
A en lire la quatrième de couverture, ça sent la série B nerveuse divertissante :
Une épidémie de Iycanthropie s'est abattue sur le monde et les loups-garous sont devenus indestructibles; à tel point qu'il sautent du haut des immeubles et arrachent les portières des voitures avec les dents. L'unique moyen de les supprimer ? Les tuer quand ils ont repris forme humaine. C'est le travail du ninja Ito Fuji, un exécuteur chargé de supprimer tous ceux qu'on soupçonne d'appartenir à la horde.
Mais les choses se compliquent lorsqu'il contracte à son tour l'affreuse maladie et devient ce qu'en langage codé on surnomme un NightHowler... Dès lors, une seule solution s'offre à lui : rejoindre un groupe de loups-garous retranchés dans une clinique clandestine, où l'on essaye désespérément de découvrir un vaccin miraculeux...
Les NightHowlers - monstres ou victimes possédés ou mutants - luttent pour leur survie dans la jungle urbaine où règnent sans partage les prédateurs du futur.

Garouage (Nancy A. Collins)
Un roman qui privilégie apparamment l'horreur et la violence, avec un soupçon d'écologie.

Morsure (Kelley Armstrong) 2007
Encore une histoire de "louve-garou". La critique que j'ai lue était franchement mauvaise. A vous de voir.


Enfin, on notera deux petites fantaisies, plus proche de la fable que de l'horreur :
Le Loup-garou (Boris Vian), une nouvelle en forme de parabole amusante qui inverse le thème : un loup tout ce qu'il y a de plus civilisé se métamorphose en homme et le moins qu'on puisse dire est qu'il ne gagne pas au change ! Original (il fallait y penser) et très critique envers le vrai barbare qui a pour nom : homme.

La femme changée en renard (David Garnett). Un homme se promène tranquillement dans les bois avec sa femme et celle-ci se change en renard(e). Une situation qui ne semble pas incommoder son mari (au contraire) et qui possède même ses avantages. Un petit bijou poétique et surréaliste mais qui charrie une certaine misogynie.

Bandes dessinées

Si le mythe est très moyennement développé en littérature, que dire du sort qui lui est réservé dans la BD ! On compte bien quelques dizaines d'albums où le loup-garou apparaît au détour d'une page parmi d'autres créatures du bestiaire fantastique mais très peu de bandes dessinées lui sont entièrement consacrées. Parmi elles, j'en citerai quatre, de style et de ton très différents.

Garous (Defali et Gaudin)
Une des très rares séries qui donnent le rôle principal aux lycanthropes. Bénéficiant de belles couvertures (qui ne sont pas signées Defali mais Civiello) avec lesquelles les planches ne peuvent hélas rivaliser, Garous ne déçoit pas l'amateur : malédiction ancestrale, atmosphère lugubre, hémoglobine et beaucoup d'action sont les ingrédients sans surprises certes mais plaisants d'un cycle de quatre albums d'une bonne tenue générale, malgré une baisse évidente d'intérêt dans le dernier. Sans vraiment renouveler le thème, Garous tire le meilleur parti possible de son matériau de base, forcément limité. Le tome 3, qui se déroule en huis-clos et peut se lire indépendamment des autres, est sans doute le plus réussi. Bref, rien de génial mais une série qui se laisse lire avec plaisir.

Chiquito la Muerte (Micol)
Radicalement différente de Garous tant dans la forme que dans le contenu, cette BD propose une vision pour le moins déjantée du mythe, transplanté dans l'univers du western et des légendes indiennes. Le dessin très particulier (volontairement laid et excessif) donne le ton d'une histoire qui ne manque pas d'audaces non plus. Si elle tourne complètement le dos au réalisme, elle n'en est pas humoristique pour autant. Inclassable est le mot.

Belles à croquer (Richard Corben)
Il s'agit d'un recueil d'histoires courtes du célèbre Richard Corben tournant évidemment toutes autour des loups-garous et faisant preuve d'un humour caustique qui ne manque pas de sel. Mais le procédé reste limité et peu excitant. J'ajoute que, personnellement, je n'accroche pas du tout au dessin de Corben et encore moins à sa mise en couleur. Mais bon, chacun ses goûts. Amusant mais anecdotique et, de ce fait, vite oublié.

Pauline et les loups-garous (Stéphane Oiry)
Paru assez récemment, ce one-shot est surtout proche du road-movie par l'histoire (la cavale d'un couple sur les routes) et du polar par l'ambiance (tendue et déprimante). On glisse alors dans le fantastique avec l'apparition de loups-garous se déplacant à moto. L'album semble hésiter entre deux genres, deux univers, ce qui aurait pu être intéressant si l'alchimie parvenait à se faire mais ce n'est jamais vraiment le cas.
Dernière édition par Cryptide le Mardi 15 Juillet 2008, 23h05, édité 2 fois.
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Messagepar Cryptide » Mardi 15 Juillet 2008, 22h33

Le cinéma

On trouve le thème du loup-garou au cinéma dès l'époque du muet avec The Werewolf en 1913, un court-métrage de 18 minutes réalisé par Henry McRae. Je le note pour information mais je ne l'ai jamais vu, ce qui doit être le cas de 99,9% de la population mondiale à l'heure où j'écris ces lignes.

La première version véritablement importante pour le mythe date de 1935 : Le monstre de Londres (Werewolf of London) de Stuart Walker. C'est le premier film Universal a traité du sujet.
Lors d'un voyage au Tibet, le botaniste Glendon est mordu par une créature mi-homme mi-bête. Rentré à Londres, Glendon se transforme à chaque pleine lune et tue des passants. Mais une plante, la mariphasa, pourrait se révèler être un antidote au mal. Elle est cependant convoitée par...un autre loup-garou.
Avant Lon Chaney, c'est un certain Henry Hull qui incarne ici le lycanthrope dans cette excellente version du mythe. Bien réalisé et techniquement soigné.

Le loup-garou (1941) George Waggner
Un autre classique, avec Lon Chaney dans le rôle-titre. Jamais vu.

Cat People [La Féline] (1942) de Jacques Tourneur.
J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de ce chef-d'oeuve du fantastique sur le forum d'Erwelyn.
Voir donc le lien : http://erwelyn-theyrani.grafbb.com/vos- ... 7-t504.htm

La fille du loup-garou (1944) Henry Levin
Pour ceux qui auraient vu ce bon petit film plein d'atmosphère, ils auront sûrement noté une parenté avec Cat People aussi évidente que celle existant entre Igor et Grichka Bogdanoff. Le film ayant été réalisé deux ans après le chef-d'oeuvre de Tourneur, inutile de dire qui s'est inspiré de qui.
Une scène en particulier témoigne de cette filiation : l'héroïne marche en faisant claquer ses hauts talons. Puis, lors d'une transition à la fois visuelle et sonore, nous voyons les pattes d'un loup marcher silencieusement. Un procédé plus élégant que de voir une femme porté un maquillage grotesque.

La belle et la bête (1946) de Jean Cocteau
Inutile de présenter ce classique de Jean Cocteau, plus proche du conte de fée que de l'épouvante, même s'il possède bien quelques petites scènes inquiétantes (pour l'époque). Pas de loup-garou ici mais plutôt un "lion-garou" (un cas assez rare, docteur). Visuellement superbe, aux forts relents psychanalytiques, la Belle et la Bête est un poême davantage encore qu'un "film de garou". Et qui, contrairement à certains, supporte très bien le poids des années.

La nuit du loup-garou (1960) de Terence Fischer (une production Hammer, cela va de soi) est un grand classique, baroque, coloré et tragique. Bien sûr, le maquillage date un peu et l'acteur Oliver Reed ressemble un peu à un Ewok d'un mètre soixante-dix mais le film possède un vraie beauté poétique et une flamboyance, comme dans les meilleurs films de la Hammer, quoi.

Hurlements (1980)
Quand j'ai présenté Wolfen et Wolf comme les deux films les plus "adultes" du mythe, j'aurais pu aussi mentionné ce Hurlements de Joe Dante, qui, si je ne me trompe pas, fut le premier à redonner un coup de jeune aux films de garous en le situant dans un contexte réaliste, urbain, avant que les films de Landis et Radleigh lui emboîte le pas.
Son succès donnera toute une série de séquelles, dont la qualité ne fait que décroître d'un film à l'autre, jusqu'à user une peau de loup-garou et en faire une carpette élimée. Triste.

Le loup-garou de Londres (1981) de John Landis est une version mi-sérieuse mi-humoristique bien dans le ton des autres créations/productions du réalisateur. Le film est resté célèbre par sa superbe scène de transformation, artisanalement créée (à l'époque, les images de synthèse n'existaient pas, les enfants !) par le magicien des effets spéciaux Rick Baker.
Une jolie réussite donc, tant dans sa réalisation enlevée que dans ses trucages, bien que l'humour un brin potache vienne désarçonner le spectateur qui, du coup, en oublie de frissonner.

Wolfen (1982)
voir mon post : http://www.cobaltodyssee.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=780

La compagnie des loups (1984) de Neil Jordan
Tiré d'une nouvelle d'Angela Carter qui réécrivit certains contes célèbres en les modernisant et leur donnant une dimension psychanalytique (dans ce cas-ci, celui du Chaperon Rouge), le film de Neil Jordan se distingue surtout par une ambiance visuelle envoûtante et une structure à sketches, le fil conducteur étant la grand-mère (Angela "Arabesque" Lansbury) racontant des histoires toutes centrées sur le loup.
Sur le fond, on peut y voir une métaphore sur la puberté d'une pré-adolescente. Je ne vais pas entrer à nouveau dans le débat de savoir si le film a vieilli ou non, ne l'ayant pas revu depuis longtemps, mais au vu du nombre de navets sur le thème du loup-garou, le film me semble malgré tout recommandable. Mention spéciale pour la scène de la métamorphose, une des plus effrayantes du genre.

Teen wolf (1985) de Rod Daniel
La seule excuse de ce film où il est question d'un ado (Michael J. Fox) qui se transforme en loup-garou basketteur (?), est qu'il s'agit d'une comédie - on s'en serait douté - assez cornichonne mais au fond plutôt sympathique, à défaut d'être poilante. Heureusement pour Michael, il allait bientôt connaître la gloire - la même année, ô ironie - avec un certain Retour vers le Futur.

Peur bleue (1985) de Daniel Attias
Un ratage pour cette adaptation d'un roman de Stephen King qui est lui-même un des plus mauvais romans de l'écrivain. Au fond, il y a une certaine cohérence là-dedans.

Wolf (1994)
voir mon post : http://www.cobaltodyssee.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=780

Le loup-garou de Paris (1997) d'Anthony Waller
Petite devinette : quelle est la différence entre le loup-garou londonien et le loup-garou parisien ?
Simple : le garou londonien est drôle mais c'est volontaire. Le parisien est grotesque mais il ne le fait pas exprès.

Dog Soldiers (2002) de Neil Marshall
Voilà un film qui ne se pose pas trop de questions. Exit les problèmes existentiels de tristes héros qui hurle à la lune en exprimant leur spleen. Place au gros massacre, au gore, au déchaînement d'une bande de loups-garous faisant le siège d'une bicoque au sein d'une forêt sombre et profonde d'un quelconque pays de l'Est. Dans la dites bicoque, un groupe de militaires tentant de repousser de leur mieux les enragés du dehors. C'est tout ? Oui mais l'absence d'un véritable scénario n'empêche pas Dog Soldiers de retenir l'attention du spectateur par son culot et son déchaînement permanent.
Entre Rio Bravo, Sans retour et Assaut de Carpenter, un film qui prend aux tripes et dont tout l'intérêt est justement cette approche frontale du mythe dans sa version survival.
Une scène anthologique : un homme, éventré par un des garous et dont les viscères sont retenus avec les moyens du bord, c'est à dire de la... colle forte ! Un exemple du climat de folie qui règne dans ce film bien éloigné des subtilités psychologiques d'un Wolf, certes, mais assez réussi dans le registre "coup de poing".

Underworld / Underworld Evolution (2002 / 2004) de Len Wiseman
Gros succès prévisible du box-office. Quand les vampires et les lycans (c'est plus classe que de dire "loups-garous"), encore et toujours ennemis depuis la nuit des temps ou quasi, se font une guerre sans merci à coups de flingues et de karaté, ça ne peut pas être triste...ni très subtil non plus. On échappe souvent de peu au grotesque (surtout dans le 1) à cause de certains dialogues d'une grande pauvreté et d'une manière de la jouer très cool avec un style néo-gothique rock qui rappelle un certain Matrix, mais le film se laisse voir sans ennui. Autre défaut : un scénario parfois confus (Matrix encore !).
Le second film m'a semblé toutefois un cran au-dessus, notamment grâce à une scène d'ouverture moyen-âgeuse impressionnante qui montre une bataille entre vampires et lycans, et un petit souffle épique (et des moyens financiers) qui manquait au premier.
Reste la question à un euro : pourquoi des créatures surpuissantes ont besoin d'utiliser des armes à feu, tout juste bonnes pour les faibles humains ? Parce que les gunfights, c'est tout de même plus cool je suppose.

Van Helsing (2004) de Stephen Sommers
Comme dans Underworld, les loups-garous de Van Helsing doivent partager l'affiche avec leurs rivaux de toujours : les vampires. Mais pour le héros, qu'importe. Avec ou sans poils, une gueule pleine de crocs ne peut décemment se balader parmi les humains qui, comme chacun sait, sont tellement plus civilisés (puisqu'on vous le dit !). Un film divertissant qui convoque la grosse artillerie du blockbuster décervelé, plein d'effets spéciaux qui en mettent plein les mirettes et un montage speedé comme on dit de nos jours. Rien d'étonnant puisque c'est Mr Momie qui est aux commandes. Quant à Van Helsing himself, inutile de chercher une ressemblance avec celui de Bram Stocker. Il aurait tout aussi bien pu s'appeler Indiana Bones.

Cursed (2005) de Wes Craven
Un vrai désastre qui donne envie de hurler à la lune. Sans doute le plus mauvais film de Wes Craven. Que dire d'autre ? S'éviter la pénible expérience de le voir, peut-être ?

Blood and chocolate (2007) Katja Von Garnier
Nous retrouvons à nouveau une "louve-garou" (décidément, c'est à la mode) dans ce film qui allie romantisme et amours adolescentes contrariées. L'histoire raconte en effet les complications sentimentales entre une jeune fille, Vivian, membre d'une tribu de loups-garous vieille de 5000 ans, et un jeune romancier, Aiden. La jeune fille doit alors faire un choix, forcément déchirant : respecter les traditions de son clan ou convoler avec l'élu de son coeur (de louve). Le film joue la carte du romantisme à tout crin, avec une pointe d'onirisme. Les personnages sont très branchés (pensez donc : ils boivent de l'absinthe en écoutant de la lounge !). Tout cela est finalement bien inoffensif, autant que les loups-garous d'ailleurs qui sont ici de braves bêtes au fond. Bref, c'est assez gnangnan, superficiel et adolescent (c'est un pléonasme). On est plus proche de "chocolate" que de "blood".
Un peu comme si la Marie-Antoinette de Sofia Coppola voulait se la jouer Pacte des loups. Mais là, je suis méchant.

The wolfman de Joe Johnston (sortie prévue en 2009)
avec Benicio Del Toro dans le rôle principal. A voir les premières images (maquillage de Rick Baker), ce loup-garou a "de la gueule" (cliquez ici http://lesinfosdemovie.blogs.allocine.f ... es_De_.htm). Quant au film... wait and see.


En ce qui concerne d'autres productions peu connues (et qui gagnent peut-être à le rester), je renvoie au site animalattack (tout un programme !) qui en dresse un panorama assez complet :
http://www.animalattack.info/PmWiki/Loups-garous
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Messagepar erwelyn » Jeudi 07 Août 2008, 06h53

Excellente bibliographie dont je saurai m'inspirer si enfin j'arrive à développer de nouvelles thématiques sur mon site.

Je rajouterai à ton excellente liste une nouveauté qui vient juste de paraître, ensencée par l'avant dernier n° de Bifrost (51) :
Crocs Toby Barlow (Grasset) qui a la particularité d'être entièrement écrit en vers libres. Un roman slamé qui semble en plus de son originalité stylistique être un "bon" roman.

Quant au site Animalattack, je m'en suis bcp servi pour ma biblio Les animaux dans la SF. Site très exhaustif comme je les aime.
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Messagepar neocobalt » Mardi 07 Octobre 2008, 20h56

Cryptide a écrit:The wolfman de Joe Johnston (sortie prévue en 2009)
avec Benicio Del Toro dans le rôle principal. A voir les premières images (maquillage de Rick Baker), ce loup-garou a "de la gueule" (cliquez ici http://lesinfosdemovie.blogs.allocine.f ... es_De_.htm). Quant au film... wait and see.

Bonjour Cryptide,

La sortie du film The Wolfman est prévue le 8 avril 2009.
J'ai ouvert un nouveau fil de discussion à son sujet : viewtopic.php?t=870
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