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La réalité sait être moche. La fiction fait-elle mieux ?

MessagePosté: Jeudi 22 Novembre 2007, 01h10
par neocobalt
La réalité sait être moche, et elle le fait bien. La fiction peut-elle faire mieux ?

Cette question pourrait être formulée de bien diverses façons sans nous égarer hors de toute relation entre réalité et fiction.
Car notre immersion inconditionnelle dans la réalité nous confronte aux bons côtés des choses, dont il peut être légitime d'en recueillir un profit hédoniste, mais tout autant aux mauvaises expériences qu'elle nous inflige au quotidien et en tous lieux.

Alors, quand toutes ces souffrances que nous nous empressons d'inonder sur le petit écran comme le grand, de reproduire, de simuler, d'imiter et de nouer entre les fibres des pages de papier noircies dans nos livres d'un code programmant nos consciences tourmentées - interprétation cynique -, ou les éveillant pour mieux nous approprier, comprendre et accepter les ténèbres de la réalité comme sa morale, à défaut de nous en évader - interprétation humaniste ? -, on peut s'interroger sur la nature et la fonction de la violence dans l'imaginaire, de la torture et autres scènes sordides, codées et récurrentes. Car entre réalité et fiction, nous croisons le fantasme et ses fantômes.

Pourquoi aurions-nous donc ce besoin d'en rajouter ? La réalité ne saurait-elle pas nous donner notre dose ? La fiction saurait-elle nous en libérer et nous en soulager, exorciser nos peurs, exutoire d'un rêve éveillé, exvagus sans conséquence ?

MessagePosté: Jeudi 22 Novembre 2007, 21h10
par Chris Draco Art
La fiction est en elle même une forme de réalité peut être ? Me concernant la fiction sous forme de livres, de séries, ou de films permet d'avoir une autre image, une autre approche d'un monde qui pourrait être réel.

Parfois oui la réalité ou nous vivons rattrape la fiction. Le contrôle des individus, les bracelets électronique, la vidéo surveillance dans les rues, 1989, le roman, pas très loin et même dépassé dans la réalité.

Mais qu'il est bon de tomber sur un roman ou un film mettant en scène un monde sombre, déchiré, ou la vie nous semblerais un cauchemar. On peu trembler parfois car on s'y approche dans la vie de tout les jours, mais cela est subjectif, chacun vois la vie d'une certaine manière, l'un bon, l'autre mauvais, etc...

La fiction en fin de compte, lorsque elle est sombre, permet de s'adapter à la vie que nous menons, car il est clair que plus le temps passe et plus le ciel s'assombrit.

MessagePosté: Lundi 04 Février 2008, 18h39
par Cryptide
L'intérêt de la fiction par rapport au monde réel - au delà de son rôle évident de réflexion et de divertissement - est que la plupart des fictions possèdent une cohérence, une logique, une construction rationnel, voulues par l'auteur alors que le réel, quant à lui, est nettement plus chaotique. Pire encore : il est paradoxal, puisqu'il obéit bien à certaines règles (notamment de physique, sans quoi l'univers s'écroulerait) tout en étant malgré tout très bordélique. Déterminisme et hasard, qui paraissent pourtant être des notions opposées, s'y rejoignent. Quant au libre-arbitre, dont nous faisons grand cas pour ne pas sombrer dans la fatalité, il faut bien avouer que sa marge est plus réduite que ce que nous voulons bien faire croire.

Bref, la réalité est, au fond, bien difficile à aborder pour nos cerveaux. Et les implications de certaines théories de physique quantique (comportement incompréhensible de l'électron, influence possible entre obervateur et phénomène observé, le cas des photons-jumeaux, etc...) ne font que compliquer encore davantage notre approche du réel.

Dans une fiction, nous pouvons au moins nous accrocher à une "réalité" plus compréhensible, qui fait appel à une intrigue - le plus souvent résolue à la fin - et à une certaine cohérence des idées. En fait, l'auteur est le dieu de sa fiction, un dieu qui, contrairement à celui dont nous parle les religions depuis le début des temps (et très hypothétique, d'ailleurs), ne joue pas à cache-cache avec nous et ne nous soumet pas à des paradoxes impossibles. Voilà sans doute la grande différence entre la réalité et la fiction.
La fiction, c'est un réel mis à la portée de l'humain, puisque créé par l'humain et pour l'humain.

Plus pragmatiquement, les fictions ont aussi cet avantage (même les plus sombres) d'être sans conséquence néfaste sur notre vie quotidienne. Comme les rêves, d'ailleurs.

MessagePosté: Dimanche 02 Mai 2010, 10h10
par neocobalt
Je viens de lire la critique de Mais c'est à toi que je pense, un roman, un thriller que nous présente sans concession Herveline, libraire de Soleil Vert.

Dans un premier temps, "horreur absolue, à vomir son petit déjeuner". Mais Herveline est allée jusqu'au bout, et même au-delà. Fidèle à sa "ligne de conduite, celle qui consiste à ne chroniquer QUE ce qu'on aime", elle y a vu un livre "touchant et inoubliable".

"La réalité sait être moche. La fiction fait-elle mieux ?". Pourquoi revenir sur ce fil de discussion ? J'y ai aussitôt pensé en lisant jusqu'au bout le propos de la libraire de Soleil Vert.
Elle témoigne de l'espoir qui survit ou naît après l'horreur. Quelque chose qui nous échappe dans le réel, mais que la fiction préserve... Mais j'extrapole, m'éloignant même de la paraphrase.
Mais c'est à toi que je pense, par Herveline : http://www.librairiesoleilvert.com/arti ... 38259.html
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